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Le Mensonge Chez Rousseau Et Chez Kant

Autor:   •  December 28, 2017  •  1,976 Words (8 Pages)  •  764 Views

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mensonge est simplement le contraire de la véracité. La principale définition de la véracité est « qualité morale de celui qui ne trompe pas ou qui n’en a pas l’intention; en particulier, qualité de celui qui se garde de l’erreur et s’emploie à l’éviter dans ses paroles ou dans ses écrits » , mais pour Kant, elle s’associe davantage à la définition plus rigoureuse de « caractère de ce qui est conforme à la vérité, à la réalité » . Dire faux et dire « vrai » hors de la certitude de la vérité, c’est mentir. Dans toutes circonstances, le mensonge est répréhensible moralement; il n’a pas besoin d’être préjudiciable.

Le mensonge peut être extérieur ou intérieur. Le mensonge extérieur est un acte de mauvaise foi, un manque de conscience morale. Kant dira également que c’est un « manque de pureté devant son juge intérieur ». Pour ce qui est du mensonge intérieur, lorsqu’on se ment à soi-même, on est coupable de faiblesse d’esprit, Kant utilise l’exemple de l’amoureux qui ne voit que les qualités et ignore les défauts chez sa bien-aimée pour illustrer ce qu’il entend par faiblesse.

Par sa rigueur, Kant détruit les deux « chimères » que sont le mensonge involontaire et le mensonge bien intentionné. Un mensonge, peu importe sa nature, reste un mensonge. Si on ne dit pas la vérité, et même si on dit quelque chose dont on n’est pas certain, ce que Kant inclut dans le mensonge, on trahit un engagement. Il considère que si l’on tolère le mensonge, il n’y a plus de promesse possible, car la confiance entre individus devient nulle . Mentir s’apparente chez Kant à trahir une promesse, celle de la vérité que je dois à tous les êtres raisonnables, la véracité étant un « devoir formel de l’homme à l’égard de chacun ».

Kant rejette dans ses écrits consacrés à la question du mensonge le prétendu droit de mentir. Effectivement la vérité pour Kant n’est pas un bien que l’on possède et sur lequel un droit serait reconnu à l’un et refusé à l’autre, ce qui résulterait de l’usage du mensonge.

Le mensonge, pour être reconnu comme condamnable, répréhensible, n’a pas besoin d’être défini comme nuisible à autrui, préjudiciable. Le mensonge est mauvais en soi.

Tout ceci vient du fait que, pour Kant la véracité est un devoir inconditionnel, un impératif catégorique découlant de la loi morale. Peu importent les conséquences de l’action, celles-ci n’ayant pas de pertinence dans le jugement moral, on a le devoir de dire (ou écrire) la vérité. Seule l’intention bonne, c’est-à-dire la volonté d’agir en concordance, par respect pour la loi morale nous permet de définir la moralité. Si on prend des libertés avec le devoir de véracité, on fait injure à la loi morale, parce que personne ne pourrait vouloir qu’on la trompe; on remettrait en cause, par notre mensonge, l’universalité de la loi morale. La possibilité d’un monde proprement humain dépend de cette universalité selon Kant. Un monde où le mensonge sous toutes ou n’importe laquelle de ses formes est permis ne permettrait pas que chacun se situe par rapport à l’autre dans la réciprocité du respect.

La façon dont Kant aborde le mensonge va donc de pair avec le rigorisme qu’implique son application de la loi morale. Par contre, ce rigorisme diffère partiellement de la notion globalement répandue du mensonge et de ses différentes facettes.

Synthèse : Différences entre les deux visions

Rousseau et Kant voient ensemble dans le mensonge le contraire de la véracité. La différence tient dans la différente définition que ce mot évoque chez les deux philosophes. Alors que Rousseau considère que l’intention de dire faux est importante, pour Kant, il n’y a pas de demi-mesure : on n’a qu’à vérifier nos sources et ainsi toujours être dans la certitude.

Également, chez les deux philosophes, une catégorisation des mensonges est effectuée. Par contre, alors que Kant parle de mensonge intérieur et d’extérieur, Rousseau ne considère que les différents genres de mensonges extérieurs, comme si le mensonge intérieur n’existait pas pour lui.

En dehors des définitions et catégorie, il ressort que Kant rejette le droit de mentir, le mensonge étant parfaitement interdit par l’impératif catégorique de la loi morale. Tous ont droit absolu à la vérité, la véracité au sens que Kant donne. Rousseau va dans le même sens pour ce qui est du droit à la véracité, mais en tenant compte de sa façon de voir celle-ci . Par contre, pour ce qui est du rejet du droit de mentir, Rousseau ne se prononce pas, se contentant de dire que certains mensonges sont répréhensibles.

Pour ce qui est d’une possible innocence d’un mensonge, Rousseau le concède, mais en nuançant que celle-ci est difficile (voire impossible) à atteindre, alors que Kant, par son rigorisme, ne voit que le mal en soi dans le mensonge.

Ces distinctions et l’omissions d’une évaluation du mensonge intérieur chez Rousseau peuvent peut-être s’expliquer par la façon dont traite ce dernier les fois où quelqu’un dit faux sans vouloir tromper. En effet, pour Rousseau, celui qui dit faux en croyant dire vrai est en fait ignorant, ce n’est pas un menteur. On peut lui reprocher de ne pas faire preuve d’une éthique du jugement nécessaire à un jugement éclairé, mais on ne peut pas dire qu’il ment. On pourrait dire de lui qu’il est coupable de précipitation, de manque de précautions... Pour le traiter de menteur, il eut fallu qu’il soit détenteur de la vérité et qu’il la déformât avec l’intention de tromper celui à qui il s’adresse, ce qui est ici logiquement exclu puisqu’il est lui-même dans l’erreur, dans l’illusion dès le départ.

Finalement, on peut dire que pour les deux philosophes, il est juste d’honorer l’exigence de véracité, car et pour Kant, et pour Rousseau, la justice consiste d’une certaine manière à rendre à chacun ce qui lui est dû. Comme Rousseau le présente dans son œuvre, le premier des dus lorsque nous sommes en interactions les uns avec les autres est de respecter le droit de chacun à ne pas être trompé, utilisé, abusé.

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